Qui est Paul Nizan ?
Qui est Paul Nizan ? Lorsque l'on évoque le communisme dans la littérature française, nous retenons des noms tel que Sartre ou Aragon, des œuvres telles que Les Mains sales de Sartre ou Rhinocéros de Ionesco. Nous nous sommes cependant penché sur cet écrivain moins connu, qui réfuta le mouvement surréaliste, pour le communisme.
Paul Nizan, écrivain français, est né en février 1905 à Tours. Il étudie au lycée Henri IV à Paris puis entre à l'École Normale Supérieure comme Jean-Paul Sartre, qui fut par ailleurs son condisciple. Il y passe l’agrégation de philosophie.Un malaise existentiel, des incertitudes politiques et une remise en cause assez virulente du milieu dans lequel il évolue et de la société dans son ensemble marquent ces années passées dans cette École. Cela l’inspira pour l’écriture de La conspiration. De retour à Paris, après son voyage à Aden, l’activité de Nizan se partage entre plusieurs revues. C’est à partir de 1927 qu’il adhère au parti communiste. Nizan, pamphlétaire, essayiste et journaliste engagé au PCF, tente vainement de publier quelques articles un peu différents, dans l'esprit littéraire surréaliste mais est rapidement réprimé par le Parti qui lui rappelle ses doctrines. Il lui faut donc remédier à cela. Ainsi quelque temps plus tard, un premier numéro de Commune, rédigé par Nizan, critique vivement le surréalisme et l'absurdité du courant en matière de littérature et d'art plastique.
En 1933, il collabore assidûment à la revue de l'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.), Commune, dont il est secrétaire de rédaction avec Louis Aragon jusqu'à la mi-1934.
En 1934, Paul Nizan entreprend un voyage en URSS d'une année et ne le relate que très peu, ce qui lui sera reproché plus tard. Il ne cessera jamais pourtant de prôner tout ce que le communisme peut apporter. Nizan relatera une unique fois, son voyage en « terre de progrès » avec grand lyrisme et poésie dans son livre Sindobod Toçikiston paru dans la revue mensuelle Europe, où ouvriers et prolétaires sont les chantres d’une nature russe de toute beauté.
Dans le chapitre traitant de l’engouement massif des intellectuels pour le communisme lors des années 1930, David Caute, auteur et journaliste britannique, considère Sindobod Toçikiston comme "un éloge parfaitement orthodoxe de l’URSS". Le récit de voyage de Nizan est en effet conditionné à tous les niveaux par une volonté d’idéologisation. Le côté épique et les envolées littéraires mis à part, certainement parce qu'emporté dans son emphase, il respecte totalement le réalisme socialiste.
Cet engagement sans réserve et son extrême vigilance envers les événements diplomatiques internationaux expliquent le coup de tonnerre que fut pour lui l'annonce de la signature du pacte germano-soviétique; il quitte le parti, avant que celui-ci ne soit interdit. Cette prise de distance lui vaudra une longue haine de la part de ses anciens amis, qui l'assimilent sans réserve aux traîtres.
S'ensuit une métamorphose radicale et exemplaire : il devient un militant qui sort de ses dogmes et contemple le réel tel qu'il est. Nizan se fera tuer au début de la guerre, mais le Parti se souciera surtout de le faire mourir après sa mort, en le calomniant lors de ce qu'on a pu appeler le premier "procès stalinien par contumace" en 1946-47. Nizan est alors accusé d'avoir trahi le PCF. Plusieurs écrivains se portent alors à sa défense.
En1960, Aden Arabie avec une préface de Jean-Paul Sartre , est réédité aux Editions Maspero.1967, Paul Nizan, intellectuel communiste. Parmi les procureurs, Aragon occupe le premier rang, par aptitude à la vilenie, et en faisant de Nizan le "traître" Orfilat de son édifiante saga Les communistes.
Ci-contre une couverture du premier ouvrage de Paul Nizan Aden Arabie (qui débute par les phrases devenues célèbres : "J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.") Cette oeuvre, publié en 1933, lui a permis de se faire un nom dans le milieu littéraire et intellectuel.