top of page

Deux romans « à l'eau de rouge » signés Aragon

Me voilà de retour avec Aragon, ou l'intellectuel communiste dans toute sa splendeur. Et oui, après sa biographie, je me devais de vous en dire plus! Engagé dans le Parti Communiste Français et directeur des Lettres françaises, celui-ci ne s'en contente pas et inclue le communisme dans plusieurs de ses livres. Peut-être des titres vous viennent-ils en tête lorsque vous lisez cela... Aujourd'hui j'ai décidé toujours dans l'optique de vous présenter la place du communisme dans la littérature française de me concentrer sur Le roman inachevé, c'est-à-dire la biographie de l'auteur qui porte au communisme une importance énorme. Mais pas seulement, nous évoquerons aussi brièvement l'une de ses oeuvres engagées incontournables, expliquant seulement son impact.

A présent, et ce avant de passer aux choses sérieuses je vous conseille -si ce n'est pas déjà fait- d'aller lire la courte biographie de notre auteur qui est en suggestion ci-contre. Cela devrait vous éclairer quant aux conditions d'écriture de ces livres.


Bien, alors commençons. Aragon et ses oeuvres communistes... Communistes? Oh oui! Présentons son oeuvre intitulée Les Communistes!



Le roman historique au titre marquant ne peut qu'avoir sa place sur notre site. Appartenant à Le monde réel comme Les Cloches de Bâle, Les beaux quartiers ou encore les voyageurs de l'impériale... Ce roman "en guerre" rompt avec le reste du recueil : c'est le premier qui parle de la guerre. En effet, jusque-là, il pensait que " parler de la guerre, fût-ce pour la maudire, c’était encore lui faire de la réclame. Notre silence nous semblait un moyen de rayer la guerre, de l’enrayer ".

Il engage ce roman dans un conflit alors non résolu : la guerre froide, guerre idéologique qui oppose les communistes aux capitalistes. Il l'écrit donc en vrai roman historique, datant chacun de ses écrits. Son but ici est de défendre le pays contre le socialisme, qu'il considère comme leur ennemi. Car lorsqu'il écrit ce roman, il veut convaincre le lecteur. Le convaincre de quoi, me demanderez-vous. Et bien, ici il souhaite convaincre non pas de la nécessité d'un monde en paix comme il l'aurait fait à la fin de la première guerre mondiale mais plutôt de l'importance et de la justesse du combat, de la lutte même, communiste. Pour ce faire, Aragon fera bien attention à n'utiliser que des faits et aucune conviction tout au long du livre, ne décrivant que ce qu'il vit à travers différents personnages.

Pourtant, l'impact de l'oeuvre sera minime. Tout d'abord car, à l'époque, alors que dans les pays occidentaux, le communisme était haï, aucune personne ne lirait un roman portant un tel titre à moins d'être déjà convaincu.

« Quand, dans un roman, on voit paraître le bout du nez de la politique, on rejette le livre, assuré de n’y trouver que clichés, stéréotypie »,écrit Aragon dans la postface des Communistes. Et il aura raison quant au sort de ce roman. La vue du titre semblait tout simplement crier "propagande partisane" ou encore "exemple de réalisme socialiste"

Et si, aujourd'hui que ces à priori sont dépassés, ce roman n'est toujours pas très connu, c'est que ses deux-milles pages où l'on suit quelques personnages issus de différentes classes sociales dans leur vie quotidienne en ont découragé bien plus d'un.


Et le roman inachevé alors? Où se situe-t-il dans tout cela?


Oeuvre majeure de la seconde moitié du XXème, Le roman inachevé est une sorte de récit autobiographique versifié retraçant la vie de l'auteur. Son titre vient du fait que lorsqu'il écrit et publie ce livre, en 1956, il lui reste du temps à vivre et donc que cette autobiographie ne sera pas complète. Cette oeuvre marque un tournant dans sa carrière car il retourne enfin à la poésie et qu'il interroge le jeune Aragon sur ses désillusions. Il passe tout en revue, amours, convictions politiques et déchirements.


Le roman est divisé en trois parties elles-mêmes divisées en sections de poèmes. Les trois parties sont :


enfance et adolescence : Dans cette partie, Aragon évoque ses premiers souvenirs puis ses études de médecine. C'est aussi ici qu'on en apprend plus sur son expérience en tant que soldat durant la Première Guerre mondiale.


Jeunesse : A travers de nombreux poèmes autobiographiques, Aragon décrit son premier amour, ses premiers voyages et le début du surréalisme.


De l'entre-deux guerres au présent : Il décrit ici d'abord la capitale durant la guerre puis il revient au présent avec le poème intitulé à son image "le vieil homme".

Il parle ensuite d'Elsa et de leur rencontre avant d'enchaîner sur la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale.

Il écrit sur l'espoir ressenti à la libération avec des vers marquants :


" Ô mois d'août quarante-quatre

Maintenant, maintenant il peut

Ce vieux cœur s'arrêter de battre

Je sais ce que c'est qu'un ciel bleu "

Mais il n'oublie pas les sacrifiés à qui il rend hommage avec son poème : "le prix du printemps".


C'est également dans cette partie qu'il évoque discrètement ses désillusions face à son adhésion au Parti Communiste Français, mais évidemment cela ne signifie pas qu'il le renie.

"Moi j'ai tout donné mes illusions, et ma vie et mes hontes."

Ce livre aura bien plus d'impact, car bien qu'il ne soit pas concentré sur le communisme, il aura le mérite d'être lu. Il noie ses histoires communistes dans des anecdotes de sa vie amoureuse ou de sa vie d'artiste. Le lecteur se laisse ainsi convaincre bien plus facilement et lit alors sans rechigner ses quelques propos communistes.


Avec un bilan sur sa vie en tant qu'humain et qu'artiste au sommet de son art, Le roman inachevé est souvent considéré comme l'équivalent des Contemplations de Victor Hugo et marque la fin des articles dédiés à Louis Aragon. Je crois qu'après tout cela, nous ne pouvons plus renier la fidélité et l'attachement de l'auteur à ce parti, malgré ses déceptions et nous avons bien compris qu'il est une figure incontournable du communisme.



Posts similaires

Voir tout
Posts similaires
bottom of page